Beaux textes et un peu de poésie !!

 


papi et mamie font un calin

 On m'avait pourtant prévenu qu'elle viendrait.
Puis, un bon matin, il y a bien quelques années, j'ai senti son souffle
Elle était là, dans mon dos,
m'enlaçait tout doucement de ses grands bras
tout en m'enveloppant dans son manteau moelleux.

Seule, devant mon miroir,
j'ai levé les yeux et je l'ai enfin aperçue.
Ses petits yeux bleus, myopes,
probablement charmeurs autrefois,
étaient particulièrement cachés par d'étranges lunettes grises

Autour d'eux cherchaient à se camoufler tant bien que mal
l'arnaque de sa vie, ses rides.
Une cicatrice à la lèvre supérieure lui rappelait sans nul doute
l'exubérance de sa jeunesse

Ses cheveux, blanchis par un quelconque processus biologique,
qu'elle seule devait connaitre,
dégarnissaient de plus en plus sa tête. Sur son front et dans son cou,
les plis se multipliaient, signes évidents d'une grande sagesse.

 Enfin, la peau striée de ses mains meurtries, devenues tremblantes,
ne parvenaient plus à dissimuler le labeur de sa vie
Malgré tout, elle me fascinait.
Son sourire moqueur et la naïveté de son regard enfantin l'embellissaient.
Le temps ne semblait plus pressé
 
Sa joie de vivre se lisait sur ses traits
comme si elle goûtait à chaque instant qui passait
Elle paraissait tellement heureuse...
J'ai penché doucement la tête, baissé les yeux
 
La vieillesse, timidement,
s'excusa de son intrusion dans mon existence et,
par peur de me perdre,
me pressa tout contre elle


Jovette Mimeault

  



  






Fleurs

Les lampes de l'épicier Karabet sont allumées.
Le citoyen arménien n'a jamais pardonné

Que l'on ait égorgé son père

Sur la montagne kurde

Mais il t'aime,

Parce que toi non plus tu n'as pas pardonné

A ceux qui ont marqué de cette tache noire

Le front du peuple turc


Nazım Hikmet








DÉSIRS

Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte, souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence.
Dites doucement et clairement votre vérité; et écoutez les autres, même le simple d'esprit et l'ignorant ; ils ont eux aussi leur histoire.

Évitez les individus bruyants et agressifs ; ils sont une vexation pour l'esprit.
Ne vous comparez avec personne: vous risquez de devenir vain et vaniteux. Il y a toujours plus grand et plus petit que vous.

Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements.
Soyez toujours intéressé à votre carrière, si modeste soit elle ; c'est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps.

Soyez prudents dans vos affaires ; car le monde est plein de fourberies.
Mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe ; plusieurs individus recherchent les grands idéaux; et partout la vie est remplie d'héroïsme.

Soyez vous même.
Surtout n'affectez pas l'amitié.
Non plus ne soyez cynique en amour, car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement aussi éternel que l'herbe.
Prenez avec bonté le conseil des années, en renonçant avec grâce à votre jeunesse.

Fortifiez une puissance d'esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain.
Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
Au delà d'une discipline saine soyez doux avec vous-même.

Vous êtes un enfant de l'univers, pas moins que les arbres et les étoiles; vous avez le droit d'être ici. Et qu'il vous soit clair ou non l'univers se déroule sans doute comme il devrait.
Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau.

Prenez attention.
Tâchez d'être heureux

 

 

 


 

 

Un homme peut prouver à sa femme qu'il l'aime en lui offrant une douzaine de roses. Son petit-fils peut faire la même chose, avec une poignée de pissenlits.
D.Propico

 


 

 

La pervenche

 

Pâle fleur, timide pervenche

Je sais la place où tu fleuris

Au pied des monts, ton front se penche

Pour mieux charmer mes yeux épris !

 

Une source tout près palpite

Où s'abreuve le merle noir,

Il y chante et moi je médite

Souvent de l'aube jusqu'au soir.

 

C'est dans un sentier qui se cache

Sous ses deux bords de noisetiers,

Où pleut, sur l'ombre qu'elle tache

La neige des blancs églantiers.

 

Ô fleur ! que tu en dis des choses

A mon amour, que je reviens,

Quand tu me parles à lèvres closes,

Et que mon coeur écoute le tien...

 

 

Alphonse de Lamartine

 

 

 

 



Les tulipes

 

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